Week-end Philip K. Dick
La Cinémathèque aux Abattoirs
Génial écrivain de science-fiction, Philip K. Dick a amené la littérature dans une autre dimension, une autre réalité. Et cette réalité-là ne pouvait que séduire le cinéma. Entre illusion de la réalité, une réalité qui fait illusion, et réalité de l’illusion, les brouillages de perception auxquels l’écrivain ouvre les portes font plus que résonner avec le cinéma. Ils sont le cinéma lui-même : une question de reproduction. Une mise en image. Une représentation de la réalité qui s’interroge en même temps sur ce que serait le réel. Une représentation ? Ou une manipulation ? Mais qu’est-ce que le réel en fait ? Ce que l’on voit ? Ou quelque chose au-delà du visible ? Derrière le visible ? Adapter Philip K. Dick, c’est amener le doute au cinéma. Par l’entremise de ses histoires : déceler l’humain de sa réplique, personnage qui hallucine ou qui se libère d’un storytelling aliénant… Le doute à l’intérieur même du cinéma, dans le scénario. À douter du cinéma lui-même. Art du faux-semblant, n’est-il pas un de ces instruments de manipulation cognitive ? De quoi devenir paranoïaque. Ou de s’amuser d’un palais des glaces comme on en trouve dans les fêtes foraines…
Programmation :
Donnie Darko
Richard Kelly
2001. USA. 134 min. Coul. DCP. VOSTF.
Le premier long métrage de l’Américain Richard Kelly, réalisé alors qu’il n’a que vingt-six ans. Largement influencé par le fantastique à la Philip K. Dick, un voyage chaotique à l’intérieur de la psyché d’un adolescent. Un rêve ou plutôt un cauchemar éveillé qui brouille constamment la frontière entre songe et réalité. Dans une petite ville de l’Iowa, Donnie, adolescent introverti, échappe de peu à un accident. Au même moment, Frank, un lapin géant au visage monstrueux, lui annonce que la fin du monde adviendra dans exactement 28 jours, 6 heures, 42 minutes et 12 secondes.
> Samedi 26 avril à 15h30
Blade Runner
Ridley Scott
1982. USA. 117 min. Coul. DCP. VOSTF.
Auréolé du succès d’Alien, Ridley Scott adapte Philip K. Dick. Los Angeles en 2019. Deckard reprend du service et traque un groupe d’androïdes créés à l’image de l’homme. L’ambiance est celle d’un film noir et le décor celui d’une mégalopole tentaculaire noyée dans les gaz polluants. Plus qu’un simple film de science-fiction, une épopée existentialiste. Qu’est ce qui fait de nous des êtres humains ? Blade Runner bouleverse l’âme et les sens. Car il s’agit ici de prendre conscience de notre propre finitude, de rencontrer son créateur et de lui demander tout simplement de vivre plus longtemps.
> Samedi 26 avril à 18h
Total Recall
Paul Verhoeven
1990. USA. 113 min. Coul. DCP. VOSTF.
D’abord, il y eut la nouvelle de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre, écrite en 1966 et adaptée par Dan O’Bannon et Ronald Shusett, scénaristes d’Alien. Puis le Terminator Arnold Schwarzenegger qui mit tout le monde d’accord en imposant le Néerlandais Paul Verhoeven à la tête d’un blockbuster pas comme les autres. Total Recall, un film de science-fiction aussi politique que paranoïaque. L’occasion pour le Hollandais violent de se servir de vacances virtuelles sur Mars pour livrer un film d’action survitaminé, dissimulant à peine une attaque frontale de la politique américaine de l’époque.
Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie
> Dimanche 27 avril à 14h
Paprika (Papurika)
Satoshi Kon
2006. Jap. 90 min. Coul. DCP. VOSTF.
Disons-le tout de suite, Paprika n’a aucun antécédent dans l’histoire du cinéma. Si Satoshi Kon s’était à peine échauffé avec Perfect Blue et Millennium Actress, c’est bel et bien avec Paprika, son dernier film, qu’il abolit définitivement les barrières entre réalité et fiction. Obligeant par là même le spectateur à pratiquer une gymnastique ludique que l’on croyait définitivement disparue. Sonder les tréfonds de la pensée et de l’inconscient, pénétrer les rêves des patients et les enregistrer… Un vertige narratif qui doit beaucoup, beaucoup, beaucoup à Philip K. Dick.
> Dimanche 27 avril à 16h
Toutes les informations pratiques : La Cinémathèque de Toulouse