Week-end Delphine Seyrig

La Cinémathèque aux Abattoirs

les Abattoirs
Auditorium
Tarif Cinémathèque

Delphine Seyrig aura irrémédiablement marqué le cinéma de son empreinte. Par sa présence à l’écran. Par sa voix unique surtout. Le ton de sa voix. Son tempo, sa manière de dire. Une voix et une diction que seules celles de Marguerite Duras pourraient rivaliser. Mais Delphine Seyrig, c’est aussi une voie, une trajectoire. Celle d’une carrière dont les choix reflètent une exigence rare ; toujours à l’avant-garde, d’Alain Resnais à Chantal Akerman en passant par Luis Buñuel et Marguerite Duras. Celle d’une vie également, dont l’engagement féministe fera d’elle une figure importante des luttes pour les droits des femmes. Signataire, en 1971, du Manifeste des 343 appelant à la légalisation de l’avortement (la loi Veil ne sera votée qu’en 1975), elle est à l’origine avec Carole Roussopoulos et Ioana Wieder des Insoumuses, collectif de femmes cinéastes militantes tournant des pamphlets en vidéo (au début de la vidéo), puis du Centre Simone de Beauvoir, archives du matrimoine audiovisuel et soutien à la création féminine. La lutte est un art. L’art est une lutte. Delphine Seyrig en est la parfaite illustration. La dixième muse, celle des temps modernes ; comme ses initiales le laissent entendre : une déesse.

Programmation : 

Le Charme discret de la bourgeoisie
Luis Buñuel
1972. Fr. / Esp. / It. 105 min. Coul. DCP.

Bulle Ogier et Delphine Seyrig, sœurs de fiction dans une fable énigmatique et dérangeante. Luis Buñuel nous introduit auprès de la belle société qui, pour l’occasion, s’est parée de son élégante abjection. Malheureusement, au lieu d’un repas somptueux de caviar, c’est un véritable drame qui se joue sous nos yeux : les bourgeois repus ne seront jamais rassasiés. À partir d’un dîner qui ne parvient pas à se réaliser, Buñuel repeint au vitriol la façade lézardée de la haute société pour un film resté aussi pertinent qu’impertinent.

> Samedi 29 mars à 16h

Les Lèvres rouges
Harry Kümel
1971. Belg. / Fr. / It. / RFA. 98 min. Coul. DCP. VO anglaise sous-titrée français.

Fondu au rouge. Une étonnante relecture du mythe du vampire et de la légende de la comtesse Báthory par le Belge Harry Kümel. La plage d’Ostende, un grand hôtel Art déco désert, une mystérieuse comtesse accompagnée d’une étrange servante et un couple de jeunes mariés. Delphine Seyrig impériale en incandescente vamp manipulatrice, et une inoubliable partition expérimentalo-pop de François de Roubaix. De troublants petits jeux entre amis et même une variation de la scène de la douche chère à Hitchcock. Une œuvre à l’ironie mordante définitivement coincée entre avant-garde et cinéma d’exploitation.

Film interdit aux mineurs de moins de 16 ans à sa sortie

> Samedi 29 mars à 18h

Sois belle et tais-toi !
Delphine Seyrig
1975-1976. Fr. 110 min. N&b. DCP.

Un documentaire à l’exemplaire sobriété et l’art de pointer les inégalités dans l’industrie du cinéma. L’unique long métrage réalisé par Delphine Seyrig (même si elle coréalisa d’autres films, notamment avec Carole Roussopoulos). Entre Hollywood et Paris, Delphine Seyrig s’entretient avec vingt-trois actrices de différentes nationalités. Ellen Burstyn, Maria Schneider, Juliet Berto, Candy Clark, Rita Renoir, Jane Fonda, Louise Fletcher, Shirley McLaine et toutes les autres évoquent leurs expériences professionnelles, les rôles qui leur sont proposés et leurs relations avec les réalisateurs ainsi que les équipes techniques sur les tournages.

> Dimanche 30 mars à 14h

L’Année dernière à Marienbad
Alain Resnais
1961. Fr. / It. 100 min. N&b. DCP.

Vertige du nouveau cinéma français des années 1960. Dans un hôtel luxueux et ses jardins, un homme et une femme se croisent et se recroisent… s’entrecroisent. Ils se sont rencontrés l’an dernier, ici même à Marienbad. Ils s’étaient donné rendez-vous cette année pour partir ensemble. Mais la femme (Delphine Seyrig) ne se souvient pas, ou feint de ne pas se souvenir… Un perpétuel balancement entre réel et imaginaire, et Alain Resnais qui joue merveilleusement de l’ambiguïté de sa structure narrative. Un chef-d’œuvre labyrinthique dont il n’y a aucun moyen de s’échapper.

> Dimanche 30 mars à 16h

Toutes les informations pratiques : La Cinémathèque de Toulouse