Nouvelles Vagues

La Cinémathèque aux Abattoirs

Les Abattoirs
Auditorium
Tarif Cinémathèque

À la toute fin des années 1950, en France, déferle sur les écrans de cinéma une série de nouveaux films en rupture avec les canons et les moyens de production de l’industrie cinématographique d’alors. La Nouvelle Vague soufflait un vent nouveau, un vent de renouveau qui allait durablement changer la face du cinéma. Elle n’en essaima pas moins les braises d’une révolution culturelle (pas celle de Mao) qui allait se répandre, au-delà des frontières françaises du rideau de fer et des continents, à toutes les cinématographies.

Et c’est ainsi que dans les années 1960, un peu partout dans le monde, vont naître des nouvelles vagues, ou, comme on les appelait plutôt à l’époque, de Nouveaux cinémas, de Jeunes cinémas. Des cinémas pleins d’une vigueur encore insolente aujourd’hui, débordant d’une énergie créative et d’une liberté de ton qui inventaient un nouveau langage cinématographique en s’affranchissant des sujets et des codes narratifs du cinéma classique.
La preuve en 16 films !

Programmation : 

Quand passent les cigognes
(Letiat jouravli)
Mikhaïl Kalatozov

  1. URSS. 97 min. N&b. DCP. VOSTF.

L’incroyable richesse formelle d’un incontournable du cinéma soviétique. Symbole du dégel mené par Khrouchtchev après la mort de Staline, ce mélodrame sur fond de Seconde Guerre mondiale naît sur les plaies de l’Empire et s’affranchit de l’idéologie réaliste socialiste. Une rupture, une libération qui donne littéralement des ailes à Mikhaïl Kalatozov, qui trouve ici un équilibre aussi magique que gracieux entre modernité technique et lyrisme. Moscou, 1941, les ravages de la guerre et, au son des canons, l’histoire d’un amour irrémédiablement condamné.

> Dimanche 2 février à 16h
> Dimanche 2 mars à 14h

Le Beau Serge
Claude Chabrol

  1. Fr. 97 min. N&b. DCP.

Naissance de la Nouvelle Vague. Un film fondé avant tout sur le rejet du cinéma de papa de l’après-guerre, mais aussi un film né d’un héritage qui permit à Claude Chabrol de financer ce Beau Serge. Chabrol qui ira d’ailleurs tourner ce premier long métrage dans son village d’enfance, en étant bien sûr entouré de proches et d’amis. Son style est, pour l’époque, brut et original. François revient dans son village natal et retrouve Serge, son ami d’enfance. Déchéance, alcoolisme et suicide. Gérard Blain est un Serge magnifique et Bernadette Lafont crève l’écran.

> Vendredi 24 janvier à 18h30
> Dimanche 9 février à 14h

Les Quatre Cents Coups
François Truffaut

  1. Fr. 100 min. N&b. DCP.

Fugue en Truffaut majeur ! Un gosse vagabond et Paris en toile de fond. Et la saga Antoine Doinel peut commencer. L’œil unique d’un cinéaste et le regard tragique de son acteur. Le premier long métrage en partie autobiographique de François Truffaut. Quelque part l’anti Guerre des boutons. Même époque, même génération. Mais une comédie rurale d’un côté, un drame urbain ici. École buissonnière contre cellule familiale explosée. Cinéma contre détention. S’évader avec le jeune Antoine sur les rives d’un cinéma libérateur en forme d’hymne à la jeunesse, frondeuse, fougueuse et invincible.

> Samedi 18 janvier à 16h
> Vendredi 14 février à 18h30

À bout de souffle
Jean-Luc Godard

  1. Fr. 89 min. N&b. DCP.

Nouvelle Vague, nouveau monde. À l’époque, un film d’une insolente modernité. « Dégueulasse. C’est quoi, dégueulasse ? » Un film manifeste de la Nouvelle Vague. Jean Seberg en Américaine à Paris et Jean-Paul Belmondo en truand amoureux illuminent ce premier long métrage de Jean-Luc Godard. Un premier film qui fit l’effet d’une bombe esthétique dans le cinéma français. Des séquences intimistes proprement fascinantes et le Paris des années 1960 filmé caméra à l’épaule. Et Godard qui quitte le polar et change le visage du cinéma.

> Vendredi 10 janvier à 18h30
> Dimanche 23 février à 16h

Contes cruels de la jeunesse
(Seishun zankoku monogatari)
Nagisa Oshima

  1. Jap. 96 min. Coul. DCP. VOSTF.

Drame morbide et masochiste ou polar désenchanté ? Qu’importe, car c’est avant tout le cri d’alarme d’une jeunesse sans espoir, écartelée entre idéalisme utopique et froid nihilisme. Le deuxième film de Nagisa Oshima (à peine âgé de vingt-huit ans), chef de file d’une Nouvelle Vague en rupture avec la politique des studios japonais. Les errances criminelles d’un jeune couple dans le Japon industrialisé des années 1960. Sexe, politique, sujets tabous et partis pris esthétiques radicaux. Oshima ne filme quasiment jamais le ciel et bannit la couleur verte « parce qu’elle apaise et affadit les sentiments ».

> Dimanche 12 janvier à 14h
> Vendredi 21 février à 18h30

Samedi soir, dimanche matin
(Saturday Night and Sunday Morning)
Karel Reisz

  1. UK. 90 min. N&b. DCP. VOSTF.

Si les cinéastes de la Nouvelle Vague anglaise parvenaient si bien à décrire un morne quotidien, ils le devaient en partie à l’excellence de leurs jeunes comédiens. Samedi soir, dimanche matin ne déroge pas à la règle. Pour son premier grand rôle, le jeunot Albert Finney en impose méchamment. Il est espiègle, fougueux et impulsif, les femmes se l’arrachent et lui, refuse de grandir. No future ! Reisz enserre alors son personnage dans une poésie charbonneuse et propose une balade dans un Nottingham industriel, avec le meilleur guide qui soit, l’imprévisible Finney.

> Samedi 8 février à 16h

The Connection
Shirley Clarke

  1. USA. 110 min. N&b. DCP. VOSTF.

Une réalisatrice faisant un film sur un metteur en scène réalisant un film ! Le temps d’un huis clos brechtien, des musiciens de jazz et des toxicomanes attendent l’arrivée d’un dealer. Pour se faire un peu d’argent, ils ont accepté de se faire filmer par le documentariste Jim Dunn et son cameraman J. J. Burden… Un film d’appartement pour une mise en abîme vertigineuse. Une fiction tournée comme un documentaire par Shirley Clarke, figure majeure du cinéma indépendant new-yorkais. Un portrait des marges de la société américaine, la perspective du réel chamboulée et le jazz comme bande originale.

> Dimanche 2 février à 14h

Nous étions jeunes
(A byahme mladi)

Binka Jeliazkova

  1. Bulgarie. 110 min. N&b. DCP. VOSTF.

Les activités d’une modeste cellule clandestine dans le Sofia occupé de la Seconde Guerre mondiale, marquée par l’arrivée de la jeune Veska… Une femme parmi les hommes filmée par une réalisatrice souvent censurée, entravée et inquiétée par le régime. Une réflexion sur comment protéger son innocence et sa capacité d’aimer dans une situation où chaque geste, chaque regard peut vous perdre. Binka Jeliazkova, première femme réalisatrice bulgare, mêle influences néoréalistes italiennes à celles de la Nouvelle Vague française pour une œuvre qui combine à merveille film noir, mélodrame et film de guerre.

> Samedi 1er février à 14h

L’homme n’est pas un oiseau
(Čovek nije tica)
Dušan Makavejev

  1. Yougoslavie. 81 min. N&b. DCP. VOSTF.

Dans une ville métallurgique du sud-est de la Serbie, les destins croisés d’un ouvrier rustre et brutal qui malmène sa femme et d’un ingénieur d’âge mûr qui vit une brève histoire d’amour avec une coiffeuse. Le premier film du turbulent cinéaste yougoslave Dušan Makavejev qui n’a pas son pareil pour décrire la réalité actuelle de son pays. Dans L’homme n’est pas un oiseau, on s’enivre, on se bagarre, on se tue et surtout on se laisse hypnotiser du début jusqu’à la fin. Une belle réflexion désenchantée sur la manipulation et ses conséquences sur les vies intimes.

> Samedi 18 janvier à 14h

Les Poings dans les poches
(I pugni in tasca)
Marco Bellocchio

  1. It. 104 min. N&b. DCP. VOSTF.

Famille, je vous hais ! Un premier long métrage qui fomente la révolte. Une première déflagration qui enterre le néoréalisme. Marco Bellocchio réquisitionne la demeure familiale, emprunte de l’argent à son frère et construit un étouffant huis clos habité par la rage froide de son personnage principal. Alessandro décime une famille, la sienne, déjà bien atteinte de décomposition avancée. Idiotie congénitale, inceste, matricide, épilepsie et cécité ! La mise en scène est clinique, le propos acéré, la famille déchiquetée, la religion lacérée et la bourgeoisie tailladée.

> Vendredi 17 janvier à 18h30
> Samedi 1er mars à 14h

Les Petites Marguerites
(Sedmikrásky)
Vĕra Chytilová

  1. Tchécoslovaquie. 76 min. Coul. / N&b. DCP. VOSTF.

Un conte philosophique burlesque, un film dada… Deux filles : Marie 1 et Marie 2. Des amies… Des sœurs… Des sœurs jumelles nées sous le signe du chaos. Le monde est pourri, vraiment pourri. Alors, elles seront plus pourries que ce monde pourri. Alors, elles ridiculiseront le ridicule dans une échappée folle et riante. Draguer les vieux et moquer les jeunes romantiques. Se faire payer à manger, boire, voler et saccager. Se rouler dans les mets distingués d’un buffet, se balancer à un lustre, détruire une boîte de nuit comme si elles étaient les Marx Brothers à elles deux…

> Samedi 11 janvier à 14h
> Vendredi 28 février à 18h30

Le Départ
Jerzy Skolimowski

1967. Belg. 93 min. N&b. DCP.

Quarante-huit heures dans la vie de Marc, un garçon coiffeur fondu de course automobile…Une parenthèse belge qui file à cent à l’heure pour le cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, qui anticipait là son exil imminent en tournant son premier long métrage hors de son pays natal. L’œuvre sera tournée en français et Skolimowski n’en comprend pas un traître mot. Qu’importe ! Le metteur en scène exalte divinement bien la jeunesse tout en l’enrobant de romantisme noir. Quant à Jean-Pierre Léaud, il étincelle littéralement dans son rôle de garçon coiffeur fou d’amour et de course automobile.

> Vendredi 31 janvier à 18h30
> Samedi 22 février à 14h

Cati
(Eltávozott nap)
Márta Mészáros

  1. Hongrie. 80 min. N&b. DCP. VOSTF.

Le premier film hongrois mis en scène par une réalisatrice. À Budapest, à la fin des années 1960, le portrait tout de rock’n’roll vêtu d’une jeune femme indépendante et libre à la recherche de ses racines. Cheveux coupés au carré et lunettes noires façon Jean Seberg, Cati a grandi dans un orphelinat et est maintenant déterminée à renouer avec sa mère biologique. L’une habite à la ville et se suffit à elle-même, et l’autre vit à la campagne subissant les canons patriarcaux. Conflit de générations mais surtout rejet des traditions d’une autre époque.

> Samedi 8 février à 14h

Les Filles
(Flickorna)
Mai Zetterling

  1. Suède. 100 min. N&b. DCP. VOSTF.

Présent et passé, fiction et réalité, théâtre et vie réelle. Le quatrième film de la réalisatrice, productrice, comédienne, scénariste et écrivaine Mai Zetterling. Trois comédiennes, Liz, Marianne et Gunilla, partent en tournée pour jouer Lysistrata d’Aristophane. Comment une pièce écrite deux mille ans auparavant trouve des échos troublants dans la vie des actrices qui l’interprètent. Quand expérimentation formelle et engagement politique se mêlent avec en ligne de mire la domination masculine. Une farce antique et trois héroïnes pour une drôle de mise en abîme sous haute influence des nouvelles vagues française et tchèque.

> Dimanche 12 janvier à 16h
> Dimanche 23 février à 14h

L’amour est plus froid que la mort
(Liebe ist kälter als der Tod)
Rainer Werner Fassbinder

  1. RFA. 88 min. N&b. DCP. VOSTF.

Ce serait l’À bout de souffle d’outre-Rhin. Gangsters aux références gardées. Femme fatale et vrai faux film noir. Franz, petit délinquant notoire, veut monter un gros coup qui l’oppose au syndicat du crime. On lui met sur le dos un tueur, Bruno, avec qui il va rapidement sympathiser, complètement fasciné par sa beauté. Comme larrons en foire ils font les quatre cents coups de feu. Mais Joanna, la fatale prostituée qu’ils se partagent, finit par se sentir exclue de cette bande à part et commence à se demander ce que ça veut dire dégueulasse…

> Vendredi 7 février à 18h30
> Samedi 1er mars à 16h

La Salamandre
Alain Tanner

  1. Suisse. 123 min. N&b. DCP.

Un journaliste et un romancier s’associent pour écrire un scénario basé sur un fait divers : une jeune femme accusée d’avoir tiré sur son oncle. Elle s’appelait Rosemonde. Le romancier se tourne vers la fiction et imagine ce qui a bien pu se passer. Le journaliste, lui, se met en tête de retrouver la victime et l’accusée. Et quand il la retrouve, Rosemonde, c’est leur vie à tous les trois qui va changer… Filmer la révolte brute d’une jeune femme. Jouer avec les codes du cinéma-vérité (Tanner a fait ses premières armes dans le Free Cinema) pour en donner une parodie des plus sérieuses.

Dimanche 19 janvier à 14h

Toutes les informations pratiques : La Cinémathèque de Toulouse