Les femmes dans l’industrie de la musique
Table-ronde dans le cadre du Festival des Imaginaires
Afin de célébrer la Journée internationale des droits des femmes qui aura pour thème cette année « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », les Abattoirs organisent une table-ronde portant sur « Les femmes dans l’industrie de la musique ».
Le Centre national de la musique a tenu sa deuxième édition des Assises de l’égalité femmes-hommes dans la musique, le 9 février 2023. Cet état des lieux témoigne de la présence des femmes dans la filière musicale : force est de constater que la parité entre les femmes et les hommes sur scène comme en studio n’est pas encore acquise. Cette étude met en évidence le fait que les femmes artistes sont deux fois moins visibles que leurs pairs masculins, que ce soit dans les programmations des salles de spectacles en France, sur les enregistrements produits et commercialisés, ou sur les titres les plus diffusés dans les médias traditionnels et les plateformes de streaming. Dans les entreprises, les effectifs sont davantage paritaires notamment sur les postes permanents, bien que d’autres inégalités persistent : les écarts de salaire s'intensifient avec l'âge, le temps partiel est plus important chez les femmes, l’accès aux postes à responsabilité est plus difficile. Sur les postes en intermittence, les inégalités de salaire sont bien présentes, au détriment des techniciennes et artistes.
Mettre en lumière la présence des femmes dans l’industrie de la musique en 2025 est l’enjeu de cette table-ronde qui réunit la rappeuse Zinée, Laetitia Leroy, backlineuse, régisseuse de spectacles et Sophie Levy-Valensi, productrice. La rencontre sera modérée par Lauriane Gricourt, directrice des Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse.
Artiste toulousaine, Zinée se présente à son public en 2020 par l’intermédiaire de plusieurs singles « Tour de magie », « Tournoi », ou encore « 313 ». À travers eux, on découvre la tonalité subtile mais déterminée d’une artiste à la plume incisive. S’ensuivra donc un premier EP au cours de cette même année ‘Futée‘. Avec les morceaux de ce projet, Zinée confirme sa direction artistique et appuie un flow nonchalant au cœur d’un univers sonore nébuleux. Zinée obtient rapidement un écho parmi les amateurs de la scène indé. Une validation souterraine grandissante qui finira par atteindre les oreilles de la 75e session, le vivier de talents rap situé à Paris. La rappeuse s’entoure alors des conseils et des influences de certains de ses artistes (Népal, Sheldon, Damlif…) et en libérera son premier album, “Cobalt” en 2021. Un projet aboutissement, à travers lequel beaucoup de personnes ont pu la découvrir. Zinée revient avec “Osmin” un projet attendu, sculpté dans les souvenirs et dans la quête de sérénité. Sa voix si reconnaissable s’y transforme en rap brut ou en mélodies mélancoliques, en odes à la détermination face aux épreuves qui rythment sa vie et sa musique.
« La boucle est bouclée », lance Zinée. Depuis plusieurs mois, la rappeuse est retournée vivre dans sa maison d’enfance à Toulouse, après avoir connu l’exode vers Bruxelles puis quatre années parisiennes qui l’ont vue éclore en artiste atypique et respectée. Mais « l’enfant du Sud », comme elle se définit, reste un enfant du Sud et ne résiste pas à l’appel des racines. Son premier album, intitulé « Osmin », a été entièrement composé et enregistré au milieu des souvenirs et de l’isolement, avec le producteur Sheldon comme seul autre architecte. Troisième volet discographique, il explore le difficile équilibre entre force et fragilité, entre les vestiges de l’enfance et le besoin de regarder vers l’avenir.
Technicienne Backliner, Laetitia Leroy installe, règle et prend soin des instruments comme des artistes depuis plus d’une dizaine d’années maintenant. Elle accompagne Bigflo et Oli depuis bientôt 6 ans et a travaillé avec, entre autres, Georgio, 3 Cafés Gourmands ou Age Tendre et têtes de Bois. Des expériences qui lui ont permis de faire le tour des plus grands festivals, des plus grandes salles de France et d’ailleurs. Originaire du Pas de Calais, cette Toulousaine d’adoption est fière du parcours qu’elle a construit. Femme - technicienne, un rêve qu’elle a transformé en quotidien. Un quotidien qu’elle enrichit de son travail d’artiste peintre sous le nom de Vulvedor, un projet engagé qui questionne sur la place des femmes dans notre société.
Originaire de Toulouse, Sophie Levy-Valensi sera d’abord juriste mais bien vite, face à l’évidence d’une passion pour toutes les musiques, les artistes et l’organisation d’événements, elle démissionnera du palais de justice. C’est au sein de Bleu citron, diffuseur, producteur et promoteur de spectacles, qu’elle apprendra tout du spectacle privé, notamment la liberté d’y entreprendre et d’aller au bout de ses envies. Quelque 6 000 concerts plus tard et des centaines d’éditions de festivals passées, elle conserve cette excitation quotidienne à donner le jour à des manifestations musicales et humoristiques et à accompagner les équipes vers de nouveaux projets.
Ancrée au territoire toulousain, elle voue un attachement à cette terre de musique indépendante : la constante de son activité sur les 25 dernières années sera la promotion locale. Au sein de Bleu citron, Sophie Levy-Valensi va mener une vraie politique RH qui l’a entrainé à faire certains constats et à développer l'intégration de femmes dans les métiers techniques.
“J’ai une réelle appétence pour travailler en équipes mixtes et féminines, je suis attentive à la place des femmes dans notre entreprise qui compte maintenant 70 salariés et embauchent plusieurs centaines d’intermittents par an” affirme-t-elle.