Films à (p)art

La Cinémathèque aux Abattoirs

Les Abattoirs
Auditorium
Entrée payante

Prendre ses quartiers dans une institution née de la fusion du Musée d’art moderne et contemporain de la Ville de Toulouse et du Fonds régional d’art contemporain n’est pas anodin. Le mouvement ne peut se faire sans d’abord entonner le refrain qui le dispute au divertissement – et aux autres arts. Rappeler que oui, le cinéma est aussi un art…

Et il a plusieurs cordes à son art. D’où la parenthèse à l’intitulé de cette proposition de programmation. Car il ne s’agira pas tant de définir en quoi il est un art, ou à partir de quelle limite son ticket pour l’art ne serait plus valable, mais bien plutôt de le prendre par la singularité de films qui n’ont pas vraiment à voir entre eux, mais qui ont quelque chose à voir avec le cinéma en tant qu’approche artistique du monde, ou tout simplement parce qu’ils redéfinissent les codes d’un genre cinématographique : du chambara (film de sabre japonais) au documentaire.

M
Joseph Losey. 1951. USA. 88 min. N&b. VOSTF.

Vingt ans après la sortie de M le Maudit de Fritz Lang, Joseph Losey ose le remake. Un très grand film noir aux évidentes résonances politiques, tourné en partie dans le Bradbury Building qui servira plus tard de décor à Blade Runner.

La Légende de ZatoÏchi: Le Masseur aveugle
(Zatoïchi monogatari)

Kenji Misumi. 1962. Jap. 96 min. N&b. VOSTF.

D’après la courte nouvelle La Légende de Zatoïchi : Le Masseur aveugle de Kan Shimozawa. Une date dans l’histoire du cinéma japonais puisqu’il s’agit du premier film introduisant la figure mythique de Zatoïchi, masseur aveugle et expert en maniement du sabre.

La rabbia

Pier Paolo Pasolini. 1963. Italie. 51 min. N&b. VOSTF.

À la base, un film de commande quand le producteur Gastone Ferranti demande à Pasolini de réaliser un film documentaire à partir de son fonds d’archives. La mort de Marilyn, la peinture soviétique, les exactions françaises en Algérie, Youri Gagarine ou encore l’exploitation des travailleurs. À l’arrivée, un remarquable essai poétique souffreteux au bord du gouffre.

Le Dieu noir et le Diable blond
(Deus E O Diabo Na Terra Do Sol)

Galuber Roha. 1964. Brésil. 115 min. VOSTF.

Du cinéma qui ne ressemble à aucun autre. Le rejet des normes cinématographiques occidentales pour une allégorie baroque d’un Brésil en désespérance avec paysan exploité, grand propriétaire, faux prophète de l’Apocalypse, cangaceiro qui tue les pauvres pour les préserver de la famine et tueur à gages

Qui êtes-vous Polly Maggoo ?

William Klein. 1966. USA. 105 min. N&b.

Dense, foisonnant, ultra pop et désordonné dans le sens noble du terme. Les glorieuses sixties revisitées par William Klein ! Après Broadway by Light, court métrage réalisé en 1958, le premier long métrage du photographe américain.

Wanda

Barbara Loden. 1970. 105 min. Coul. VOSTF.

Un portrait de femme brut et corrosif. Unique film de Barbara Loden et film unique tout court. Wanda, insaisissable, irrécupérable, ni féministe ni potiche soumise, ni mère de famille ni Bonnie Parker. Subversive, hagarde, les yeux braqués vers un au-delà que l’on n’entrave pas.

Zabriskie Point

Michelangelo Antonioni. 1970. USA / Italie. 114 min. Coul. VOSTF.

L’Amérique disparue d’Antonioni. L’apogée lyrique de l’esprit contestataire des années 1960. Formellement, un film d’une splendeur absolue qui, d’ailleurs, ne dissimule en rien son propos : l’exploration de la faillite d’un pays, d’une civilisation.

A Bigger Splash

Jack Hazan. 1973. UK. 106 min. Coul. VOSTF.

Entre 1971 et 1973, trois ans de la vie personnelle et artistique du peintre anglais David Hockney. Un portrait documentaire donc, mais conçu comme un film de fiction – à moins que ce ne soit l’inverse – entrecoupé de séquences oniriques dont certaines reproduisent à la perfection des toiles d’Hockney.

Simone Barbès ou la vertu

Marie-Claude Treilhou. 1980. Fr. 77 min. Coul.

La réconciliation inédite entre le fantastique social, le réalisme poétique et les audaces formelles de la Nouvelle Vague. De l’errance des solitudes. Des bouts d’histoires que l’on devine et qui nous entraînent de la galerie de portraits cocasses à l’intime, de la futilité de la parole aux plages de silence.

Europa

Lars von Trier. 1991. Danemark. / Suède / Fr. / All. / Suisse. 112 min. N&b / Coul. VOSTF.

D’hallucinantes trouvailles formelles dans un environnement surréel où s’affrontent la couleur et le noir et blanc. Après Element of Crime (1984) et Epidemic (1987), le troisième volet de la trilogie « Europe » mise en place par le cinéaste Lars von Trier.

Le Festin nu

(Naked Lunch)

David Cronenberg. 1991. Canada / UK / Jap. / USA. 115 min. Coul. VOSTF.

L’histoire de Bill Lee, ex-junkie reconverti dans l’extermination de cafards, sa mission, ses déboires et ses rencontres dans l’Interzone. L’impossible adaptation de l’inadaptable roman de William S. Burroughs, Le Festin nu, par David Cronenberg. En fait, un presque biopic organique, viscéral, insaisissable et l’écriture comme acte pulsionnel et meurtrier.

Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie

Simple Men

Hal Hartley. 1992. USA. 105 min. Coul. VOSTF.

Épuré, chaotique et revêche, et très à part dans le paysage du cinéma indépendant made in USA. Quand Yo La Tengo s’invite dans un road movie ponctué par des plages d’attente de Godot. Des personnages décalés qui nous replacent dans le monde en le cadrant fixement là où on (il) ne s’y attend pas.

Les Cendres du temps

(Dung che sai duk)

Wong Kar-wai. 1994. Hong Kong. 100 min. Coul. VOSTF.

Une fresque chevaleresque qui s’épanouit dans la mélancolie de ses héros fatigués. L’étrange mariage entre le film de sabre (le wu xian pian) et l’univers si particulier du cinéaste Wong Kar-wai. Un film sur la solitude et le cœur meurtri.

Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc

Bruno Dumont. Fr. 105 min. Coul.

Dumont n’a peur de rien et le prouve une fois de plus avec ce film musical qui ne ressemble à rien de connu. Le cinéaste adapte deux textes de Charles Péguy et évoque la jeunesse de celle qui n’est pas encore Jeanne d’Arc. Les chorégraphies de Philippe Decouflé et la fragilité des acteurs non-professionnels. Une expérience mythique, mystique et fantastique.

La Nature

Artavazd Pelechian. 2020. Fr. / All. / Arménie. 63 min. N&b. VOSTF.

Éruptions volcaniques, crues titanesques, orages dévastateurs, tremblements de terre et tsunamis. Autant de cataclysmes et autant d’images de désastres écologiques glanées sur internet. Un film d’Artavazd Pelechian, indispensable cinéaste arménien réputé pour ses documentaires lyriques et avant-gardistes.

Journal de Tûoa
(Diários de Otsoga)

Maureen Fazendeiro, Miguel Gomes. 2021. Portugal. 98 min. Coul. VOSTF.

Une vrai-fausse fiction sacrément malicieuse, tournée avec les moyens du bord en plein confinement. Le mystérieux Tûoa du titre n’est autre que le mois d’août à l’envers. Dès lors, il ne faut guère s’étonner si ce singulier objet de cinéma fonctionne à rebours, en commençant par la dernière journée pour remonter jusqu’à la première !

Toutes les informations pratiques : La Cinémathèque de Toulouse