Film noir

La Cinémathèque aux Abattoirs

Les Abattoirs
Auditorium
Tarif Cinémathèque

Le film noir, en tant que genre à part entière, naît à Hollywood dans les années 1940. Il est une émanation du cinéma policier, et de gangsters, transfiguré par une photographie expressionniste que les cinéastes de la Mitteleuropa, fuyant l’Allemagne nazie, ont ramenée à Hollywood – le réalisme poétique français n’est pas loin non plus. Ce qui en fait, d’abord, une esthétique. Un noir et blanc tranchant, aiguisé au clair-obscur ; éclaboussé plus tard par la couleur, passée au rouge de la dame de pique.

Programmation : 

M le maudit (M - Eine Stadt sucht einen Mörder)
Fritz Lang
1931. All. 118 min. N&b. DCP. VOSTF.

Le génial Peter Lorre et le magistral jeu d’ombres de Fritz Lang. Du film noir avant l’heure. Mabuse n’est plus, et le mal se répand désormais dans la rue. Un film tiré d’un fait divers situé à Düsseldorf. Pourtant, Lang décale l’action à Berlin. Un Berlin fait de quartiers populaires et ouvriers comme rarement montré à l’époque. Un terrain de chasse idéal pour Hans Beckert alias M. M assassine de préférence des enfants et reste insaisissable. La police bafouille, la pègre prend les choses en main… Quand l’ennemi public est à la fois bourreau et victime.

Séance présentée en partenariat avec la Quinzaine franco-allemande d’Occitanie

> Dimanche 6 avril à 16h

> Dimanche 20 avril à 14h

Le Faucon maltais (The Maltese Falcon)
John Huston
1941. USA. 100 min. N&b. DCP. VOSTF.

Un nouveau type de héros du cinéma américain faisait son apparition sur les écrans, lucide et cynique, le héros sans gloire. C’était le renouveau du film policier : le film noir. Bogart y devenait Bogey. C’était le premier film de John Huston. D’après Dashiell Hammett, le père du roman noir. Un film dont personne n’attendait rien et qui changea tout. À San Francisco dans les années 1930, le sourire amusé accroché à une roulée, Sam Spade est amené à croiser des aventuriers à la recherche d’une statuette fabuleuse… Mais ce n’est pas cela qui compte. C’est l’étoffe dont sont faits les rêves.

> Dimanche 9 mars à 14h

> Vendredi 18 avril à 18h30

Assurance sur la mort (Double Indemnity)
Billy Wilder
1944. USA. 107 min. N&b. DCP. VOSTF.

D’après le roman de James M. Cain. Quand Barbara Stanwyck manipule Fred MacMurray. L’histoire d’un agent d’assurance qui commence par tomber amoureux d’une séduisante cliente venue souscrire une assurance-vie pour son mari… Un grand tournant du film noir réalisé par Billy Wilder et coécrit par Raymond Chandler, dont c’est le premier scénario. Ici, le tueur n’est plus un gangster, ni un professionnel. Ce n’est même pas quelqu’un poussé aux abois par la crise, la misère ou la jalousie. C’est un cadre moyen et sa motivation est le sexe…

> Vendredi 7 mars à 18h30

> Dimanche 20 avril à 16h

Laura
Otto Preminger
1944. USA. 88 min. N&b. DCP. VOSTF.

Un autre classique. L’éternel prénom du film noir, avec Gilda. Laura est morte. Assassinée d’un coup de chevrotine à bout portant. « Je n’oublierai jamais ce week-end. Je n’oublierai jamais le week-end où elle est morte », commence alors Lydecker, célèbre éditorialiste new-yorkais et pygmalion de la jeune femme. Elle devait se marier, épouser un play-boy. McPherson, un flic bourru, mène l’enquête. Mais fasciné par un portrait de la victime, il finit surtout par en tomber amoureux. Et, magie blanche du film noir, il pourrait bien la voir ressusciter…

> Vendredi 21 mars à 18h30

> Samedi 19 avril à 16h

Gilda
Charles Vidor
1946. USA. 110 min. N&b. DCP. VOSTF.

L’autre grand prénom du film noir. Un numéro musical d’anthologie, Put the Blame on Mame, et un film tout entier dédié à la gloire de la star Rita Hayworth. Elle est Gilda, la braise sous le satin fourreau d’un film noir et culte. Rita promulguée bombe sexuelle de l’ère atomique. Une histoire de gant retiré dans un geste sensuel et d’activités clandestines au sein d’un sinistre établissement. Désir et fantasme… Mais pour l’heure, le patron d’un casino de Buenos Aires engage un petit tricheur à qui il vient de sauver la vie.

> Samedi 15 mars à 18h

La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai)
Orson Welles
1947. USA. 87 min. N&b. DCP. VOSTF.

C’est l’histoire d’un marin qui se fait mener en bateau par une beauté. Une femme fatale, un mari jaloux et une voix off qui sait dès le début que ça finira mal. Le film noir dans toute sa splendeur, mais aussi un polar à contre-pied. Un polar shakespearien. Deux scènes de légende : celles de l’aquarium et du palais des glaces. Deux noms de légende : Welles et Hayworth, le génie et la bombe anatomique. Le couple mythique était en train de se séparer. Hollywood aussi voulait divorcer de Welles. Il partit sur un coup d’éclat. En tuant le mythe pour révéler la femme. Mission accomplie.

> Vendredi 28 mars à 18h30

Chien enragé (Nora inu)
Akira Kurosawa
1949. Jap. 122 min. N&b. DCP. VOSTF.

La quintessence de la mouvance polar chère à Kurosawa. Un film à la croisée du néoréalisme italien et du film noir américain, qui pourtant fut d’abord un roman placé sous l’évidente influence de Georges Simenon. Kurosawa reforme le tandem de L’Ange ivre et regarde le Japon d’après-guerre droit dans les yeux. L’inspecteur Murakami (Toshirô Mifune) enquête dans les bas-fonds de Tokyo pour retrouver son arme volée. Le commissaire Sato (Takashi Shimura) l’épaule dans sa quête obsessionnelle. Un grand moment de cinéma pur sous la forme d’une course-poursuite haletante.

> Dimanche 9 mars à 16h

> Vendredi 2 mai à 18h30

Les Forbans de la nuit (Night and the City)
Jules Dassin
1950. USA. 95 min. N&b. DCP. VOSTF.

Un homme traqué s’enfuit dans les ruelles noires de Londres. C’est Richard Widmark, joueur minable, qui ne désespère pas de décrocher un jour la bonne combine. Film noir. Le bon plan : monter des combats de lutte pour concurrencer les combats de catch organisés par le puissant Kristo. Problème : tout va partir de travers. Fuir et se cacher. Fuir dans les bas-fonds londoniens comme un ver englué dans la fange. La belle Gene Tierney n’y pourra rien changer. Noir, c’est noir. Fuite sur les docks du port de Londres. Quand les griffes de la nuit s’aiguisent au ressac de la Tamise.

> Samedi 12 avril à 16h

Le Vampire noir (El vampiro negro)
Román Viñoly Barreto
1953. Argentine. 90 min. N&b. DCP. VOSTF.

L’or noir du cinéma argentin. Comment refaire M le maudit après la magistrale composition de Peter Lorre dans l’inoubliable film de Fritz Lang ? Pari gagné pour Román Viñoly Barreto et son Vampire noir. Si l’aveugle vendeur de jouets et la ritournelle sifflée sont bien là, en revanche c’est toute l’architecture langienne qui vacille pour placer un personnage féminin au centre du récit. À la fois mère, témoin et femme d’action. Ici, tout commence par la fin – un procès –, mais la traque au tueur d’enfants dans un Buenos Aires envahi par les ombres n’en sera pas moins haletante.

> Dimanche 6 avril à 14h

> Dimanche 4 mai à 14h

Le Doulos
Jean-Pierre Melville
1962. Fr. / It. 108 min. N&b. DCP.

En argot, doulos désigne un chapeau mais aussi un indic. Double sens. Double manigance. « Tous les personnages sont doubles. Tous les personnages sont faux », déclarait Melville. Le cinéaste s’approprie un roman de la « Série Noire » de Pierre V. Lesou pour bâtir sa propre mythologie. Cadre urbain, trench-coats, cigarettes, décors hyper réalistes et noir et blanc travaillé. Belmondo ne cabotine plus. Serge Reggiani encore moins. Le Doulos, un western urbain tragique et existentialiste sur la fin d’une amitié. Un film triste, brutal, admirable et noir… très noir.

> Samedi 8 mars à 16h

> Samedi 12 avril à 18h

Un homme est mort
Jacques Deray
1972. Fr. / It. 105 min. Coul. DCP.

Concerto de calibres pour règlement de comptes au super son des années 1970. Entraîné par une bande originale de Michel Legrand aussi groovy que du Lalo Schifrin, Jean-Louis Trintignant débarque à Los Angeles pour honorer une dette de jeu. Il doit assassiner un certain Kovacs. Mais une fois le contrat exécuté, il devient lui-même la cible d’un tueur… Courses-poursuites et fusillades dans un L.A. de plomb. Deray rénove la ville des anges en plongeant son intrigue dans de singuliers décors naturels. Et nous offre un duo / duel Jean-Louis Trintignant / Roy Scheider des plus savoureux.

> Samedi 22 mars à 16h

> Samedi 3 mai à 16h

Mean Streets
Martin Scorsese
1973. USA. 113 min. Coul. DCP. VOSTF.

Charlie, Tony, Johnny s’ennuient. « Le quartier et mes copains, c’est tout ce qui compte », clame Charlie. Il est une sorte de Saint-François d’Assise descendu chez les gangsters. Son cousin, Johnny Boy, lui, est incontrôlable et s’embourbe de jour en jour. Dettes de jeux, menaces et meurtre. Le milieu ne rigole pas. La famille non plus. Scorsese encore moins. Pour une bonne part autobiographique, Mean Streets est une remarquable tranche de vie filmée à même le pavé et à l’ébouriffante précision technique. Les angelots, Harvey Keitel et Robert De Niro, y sont absolument remarquables.

Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie

> Vendredi 14 mars à 18h30

> Samedi 3 mai à 18h

Série noire
Alain Corneau
1979. Fr. 111 min. Coul. DCP.

L’art du sarcasme désespéré. Une remarquable adaptation par Alain Corneau et Georges Perec du roman noir Des cliques et des cloaques de l’Américain Jim Thompson. La longue et lente descente aux enfers de Franck Poupart, représentant de commerce et loser imprévisible. Un portrait charbonneux de la France giscardienne à la fin des Trente Glorieuses, celle de la crise, du chômage et du malaise social, porté à bout de bras par un impeccable Patrick Dewaere épaulé par la remarquable Marie Trintignant. Mais aussi un polar noir de chez noir mettant à nu les mécanismes de la domination sociale.

Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie

> Samedi 5 avril à 18h

> Dimanche 4 mai à 16h

Sang pour sang (Blood Simple)
Joel Coen, Ethan Coen
1984. USA. 97 min. Coul. DCP. VOSTF.

Le chef-d’œuvre des frères Coen, leur premier film et leur premier coup de maître. Noir comme un film noir perverti par l’humour noir. Parodie destructrice et hommage respectueux s’emmêlent. La marque des frères Coen. Ça se passe d’ailleurs au pays de l’or noir, au Texas. Le patron d’un bar soupçonne sa femme d’avoir un amant et engage un privé pour la filer. Et l’assassiner avec son amant. Mais le privé préfère abattre son client une fois la prime empochée. Sauf que le cadavre disparaît… L’art du quiproquo ou, comme disait Hitchcock, il est difficile, pénible et long de tuer quelqu’un.

Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie

> Samedi 8 mars à 18h

> Vendredi 11 avril à 18h30

Que Dios nos perdone
Rodrigo Sorogoyen
2016. Esp. 127 min. Coul. DCP. VOSTF.

Si le film noir espagnol s’est bâti sur le modèle américain, il est clair qu’avec Que Dios nos perdone l’élève dépasse largement le maître. Été 2011. À Madrid, alors que la gauche se réinvente et que la ville s’apprête à recevoir la visite du pape Benoît XVI, deux inspecteurs de police, que tout oppose, traquent un tueur en série. Omniprésence de la ville, technique formelle irréprochable, impeccable direction d’acteurs, à chaque minute Que Dios nos perdone impressionne. Entre sacré et profane, entre pureté et corruption, un miroir tendu à la société espagnole.

Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans avec avertissement

> Samedi 22 mars 18h

> Dimanche 13 avril à 14h

Le Caire Confidentiel (The Nile Hilton Incident)
Tarik Saleh
2017. All. / Danemark / Égypte / Suède. 106 min. Coul. DCP. VOSTF.

Le Caire, janvier 2011. Quelques jours avant le début de la révolution. Dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville, le cadavre d’une jeune chanteuse. Revêche, obstiné, l’inspecteur Noureddine enquête et découvre que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak… Une société égyptienne au bout du rouleau gangrénée par la corruption, et à travers elle Tarik Saleh qui réinvente les codes du film noir, qui se veut désormais politique. Dans son rôle de flic corrompu, Fares Fares impressionne en ange noir perdu dans une ville au bord du gouffre.

> Dimanche 23 mars à 14h

> Samedi 19 avril à 18h

Les Nuits de Mashhad (Ankabut-e moqaddas)
Ali Abbasi
2022. All. / Danemark / Fr. / Suède. 115 min. Coul. DCP. VOSTF.

Quand un psychopathe épouse la folie de la société qui l’entoure. En Iran, au début des années 2000, un maçon, bon père de famille, assassine des prostituées pour « débarrasser la ville sainte de Mashhad de la débauche ». Sur place, une journaliste de Téhéran enquête. Délire obscurantiste et pulsions meurtrières au sein d’une société d’une crasse misogynie. Inspirée d’un réel fait divers, une œuvre sombre, glaçante et sans compromis qui élargit brillamment le spectre du simple film policier. En reporter de choc, Zar Amir Ebrahimi brille de mille feux dans les nuits noires de Mashhad.

Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie

> Vendredi 4 avril à 18h30

Toutes les informations pratiques : La Cinémathèque de Toulouse