Sigmar Polke, la démultiplication de l’humour
Réunissant plus de deux cents œuvres, sérigraphies, lithographies, photographies, posters, sculptures… cette exposition est la première présentation en France de l’intégralité des éditions et multiples réalisés par l’artiste allemand.
En 1967, Sigmar Polke réalise sa première édition avec un carton de forme carré sur lequel est collé une coupure de journal. Le tract annonce la Demonstrative Ausstellung (Exposition démonstrative) qui réunissait dans un grand magasin de Düsseldorf Gerhard Richter, Konrad Luege, Manfred Kuttner et Polke. Entre cet imprimé contemporain de ses années étudiantes et les quatre Dannekers Haussgecko de 2009, grandes lithographies sur toile réalisées peu avant son décès en 2010, Sigmar Polke aura réalisé plus de 200 multiples, éditions et affiches. Comme le prouvait déjà en 2000 le catalogue raisonné de ses travaux écrit par Jürgen Becker et Claus Von der Osten, ce corpus n'est certainement pas un à côté de son œuvre picturale, il est bien le noyau expérimental de celle-ci. C'est dans ses éditions que l'artiste travaillera la trame offset qui deviendra une de ses marques, s'emparera de la photographie avant que celle-ci ne soit pleinement reconnue comme un de ses supports de prédilection, ou manipulera des photocopieuses amenées à devenir par la suite des outils lui permettant de fluidifier l'imagerie environnante.
Réalisée grâce au prêt exceptionnel de la collection du Dr. Axel Ciesielski et coproduite avec le Museum für Gegenwarkunst de Siegen, "Sigmar Polke, la démultiplication de l'humour" est la première présentation extensive des éditions de l'artiste en dehors de l'Allemagne. Enrichie par le prêt exceptionnel de quatre toiles lenticulaires de 2007 conservées à Siegen, elle regroupe sur deux niveaux des Abattoirs plus de 200 œuvres selon un déroulé chronologique qui permet d'approcher un travail qui, des secousses du "pop" aux machines optiques, en passant par le psychédélisme et la peinture d'histoire, reste sans comparaison dans l'histoire de l'art de ces cinquante dernières années.
C'est en effet à travers le multiple que se révèlent les faces les plus inventives et dissidentes de Sigmar Polke, son rapport à la contre-culture, à la politique, son héritage revendiqué de Dada et son voisinage avec Fluxus.
Parmi les expositions marquantes de Sigmar Polke en France, citons celle du Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1988, celle du Carré d'art de Nîmes en 1994 et, plus récemment, celle du Musée des beaux-arts de Grenoble. À partir d'avril 2014 débutera une rétrospective de l'artiste au MoMA (New York), suivie d'itinérances à Londres et Cologne. Mais avec cette présentation complète aux Abattoirs du travail de multiples de Sigmar Polke, c'est bien la question de la reproduction, qui est le sujet principal. Comme celle des plus grands artistes du XXe siècle, l'œuvre de Polke est pensée avec, pour et contre la reproduction. Dans un Musée, les Abattoirs, dont la collection est fortement marquée par une vision de la peinture, basée sur le lyrisme, l'expressivité et le caractère éminemment subjectif, personnel et unique de cet art, le travail de Sigmar Polke montre une autre voie, celle d'une perméabilité résistante aux images et à leurs diffusions massives, de leurs distorsions et de leurs enrichissements.
En collaboration avec le Museum für Gegenwartskunst Siegen et grâce à la générosité du Dr Ciesielski.
Cette exposition bénéficie du soutien