Louis Cane, "Le Chariot de Cézanne", 1993-1994, sculpture en laiton doré et divers éléments, 350 x 100 x 70 cm, collection les Abattoirs, Musée-Frac Occitanie Toulouse © Adagp, Paris, 2024 ; photo Grand Rond Production

Rêveries au château

Œuvres de Jean-Michel Alberola, Oliver Beer, Louis Cane, Jean Dieuzaide, Alekos Fassianos, John Isaacs, Torii Kiyonaga, Mwangi Hutter, Titi Parant, Niki de Saint Phalle, Eric Pougeau, Béatrice Utrilla & Bertrand Arnaud

Commissariat : Olivier Cébe, Propriétaire et Conservateur du Château Ferrières et William Gourdin, Chargé de diffusion d’expositions et d’actions en région

Sous le parrainage de Michel Vilbois, Préfet du Tarn.

Rebelle en hiver, riant sous le soleil dès le printemps, le massif granitique du Sidobre offre sa magie à la forteresse de Ferrières et aux collections d’art contemporain des Abattoirs, musée -Frac Occitanie Toulouse dans ce nouveau partenariat qui célèbre la magie de l’art et de ces liens avec la poésie et l’imaginaire. Une célébration entre l’histoire, l’art et l’architecture ou l’esprit des lieux s’unit le temps d’un été à la vie d’une collection.

Un peu d’histoire …

Dans le Parc naturel régional du Haut-Languedoc, à mi-chemin entre Albi et Carcassonne, le château de Ferrières domine de ses fortifications les gorges de l'Agoût, à 20 km de Castres. Le massif granitique du Sidobre, aux chaos de rochers impressionnants, vient obliger la rivière à le contourner avant qu'elle ne s'évade vers la plaine. Dans ces premiers contreforts des Cévennes occidentales encore teintées par l'Albigeois, règne le calme propice à poursuivre sa quête...

À l'origine chargé de protéger l'activité de mines de fer et de moulins permettant le traitement du minerai, le château témoigne déjà au XVe siècle de l'accession sociale de la famille Guilhot qui profitera des guerres de religions pour s'assurer le contrôle de la région de Castres au sud de l'Albigeois.

Au milieu du XVIe siècle, Guillaume de Guilhot, chef du parti de la Réforme et gouverneur de Castres —"la Genève du Languedoc"-, met à profit cette notoriété pour marier sa fille Marguerite avec le fils d'un Secrétaire du Roi, membre d'une noble famille catholique, les Bayard. Cette union marque l'apogée de cette famille dont la "maison aux champs" Ferrières, est forte d'une enceinte flanquée de six tours et décorée suivant les meilleurs critères de la Renaissance française afin de célébrer la perspective d'une paix entre les deux communautés protestante et catholique suscitée par ce mariage en pleines guerres civiles.

Transformé en Prison d'État au XVIIIe siècle puis partagé en lots divers après la Révolution, Ferrières retrouve aujourd'hui son unité. Foyer culturel dans les années 60-80 du XXe siècle, le château (inscrit à l'Inventaire des Monuments historiques en 1925, classé en 1988, lauréat de la Mission Bern au titre du maillage en 2019), fait l'objet d'un programme de restauration engagé par son propriétaire avec l'appui de la Fondation du Patrimoine, auquel est associé un projet de centre d'interprétation de la Renaissance française, période de fortes mutations aux plans socio-culturels et philosophiques dont l'architecture et l'art à Ferrières portent de subtils témoignages.

Et maintenant…

L’aventure que représente la réhabilitation d’un monument compte certaines étapes symboliques qui méritent d’être gravées dans son histoire. Il en est ainsi de cette année 2024 pour le Château de Ferrières puisque, en ce mois de juin écoulé, la cour d’honneur a recouvré son ampleur oubliée depuis quatre siècles : dorénavant, la façade de pur style Renaissance se dégage à notre regard dans son authentique monumentalité.

À cela s’y ajoute la réception d’œuvres de la collection des Abattoirs qui trouve ici un nouvel écrin pour le plus grand plaisir des visiteurs. Il vous est proposé au travers d’un voyage poétique et artistique dans les salles du château des œuvres de  Jean-Michel Alberola, Oliver Beer, Louis Cane, Jean Dieuzaide, Alekos Fassianos, Anne-Charlotte Finel, John Isaacs, Torii Kiyonaga, Titi Parant, Niki de Saint Phalle, Eric Pougeau, Béatrice Utrilla & Bertrand Arnaud qui redonne tout son charme à la découverte des lieux.

Dans une déambulation jubilatoire pour le cœur et les sens cette exposition, conçue à quatre mains par Olivier Cèbe et William Gourdin ,nous rappelle qu’en ces temps troublés et fractionnés, l’art peut être, non doit être, ce socle insubmersible qui rassemble et qui nous permet d’avoir une meilleure ouverture sur le monde et ses différences. Garantir l’esprit de tolérance et de partage qu’ont toujours voulu les grands esprits des siècles passés vous permettra de redonner toutes ces lettres de noblesse à l’héritage culturel et littéraire du lieu.

Profitez de ce moment suspendu et laissez-vous guider par la magie de l’art.

Louis Cane, "Le Chariot de Cézanne", 1993-1994, sculpture en laiton doré et divers éléments, 350 x 100 x 70 cm, collection les Abattoirs, Musée-Frac Occitanie Toulouse © Adagp, Paris, 2024 ; photo Grand Rond Production