NéoFutur, vers de nouveaux imaginaires

À l’épreuve des mutations et des métamorphoses qu’elle a elle-même provoquées, notre époque contemporanie s’est obligée à réinveter le futur qu’elle s’était préparé. Donc le présent. Plus que jamais en ce début de XXIème siècle, l’humanité est face au défi de reconsidérer son rapport à l’univers, à la planète, à l’autre, à la technologie, à la nature, au politique, à la ville, et même à l’art.

Confrontés à ce vaste programme ne devons nous pas, sans plus tarder, pratiquer de nouveaux imaginaires ?. Considéré sous l’angle de l’inventivité de la créativité ou de la recherche, l’art contemporain représente alors sans doute un potentiel inexploité.
C’est dans ces perspectives que s’inscrit le projet NéoFutur des Abattoirs à Toulouse. Des perspectives résolument projectives et prospectives qui doivent risquer et formuler de nouvelles configurations en replaçant l’art et la dimension de l’imaginaire comme des principes de réalité au cœur des débats et des enjeux actuels.

De plus en plus, artistes exposent, révèlent et répondent à cette situation assez sensible. En particulier ceux qui débordent les limites convenues de l’art et de l’esthétique. Ceux-là même qui construisent leurs pratiques et leurs œuvres dans des articulations nouvelles entre les divers champs de la connaissance et de l’action.

Les artistes invités à participer au projet NéoFutur ont en commun une conscience aigue de cette dynamique qu’ils mettent déjà en œuvre. Une dynamique qui passe par l’interaction renouvelée, réinventée, entre l’art et les sciences, la philosophie, la poésie, le politique, le sociétal, l’écologie, l’urbanisme et surtout, nos architectures mentales.

Sans céder ni au catastrophisme ni à un positivisme forcé, ils peuvent être assez critiques, voire caustiques tout en nous projetant dans d’autres dimensions temporelles et spatiales. Et ceci jusqu’à nous faire sentir, et même toucher du doigt, cette nouvelle et curieuse équation entre présent et futur qui est au cœur du projet .

Beaucoup plus physiques que virtuelles, leurs œuvres dessinent ensemble un monde assez détonnant, à la fois exubérant et désinhibé. Au-delà des projections fictionnelles, qu’elle soient ou non utopistes, l’exposition apparaît alors comme un paysage imaginaire et pourtant bien réel. Comme une ouverture insoupçonnée sur le futur qui nous attend. Tout en pointant l’urgence de nouvelles formes d’exploration de nos propres facultés imaginatives.

Pascal Pique, commissaire de l'exposition.

Jan Fabre.
Né en 1958. Vie et travaille à Anvers, Belgique.
L'œuvre de Jan Fabre se déploie à la croisée des principaux savoirs humains comme la science, la technologie et l'art. Artiste plasticien, écrivain et créateur de théâtre, il vise une forme de quintessence organique des données qui déterminent l'essence de la création. D'où son intérêt croissant pour le cerveau qui est au coeur de ses derniers travaux rassemblés pour NéoFutur.

Evru
Né à Barcelone en 1946. Vit et travaille à Barcelone (Espagne).
Fasciné par la folie et les paradis artificiels, Evru invente sa propre mythologie, enrichie d’un alphabet secret dont la clé ne nous est pas livrée. L’irrationnel et l’automatisme sont des impulsions sensorielles qui le jettent dans un univers plein de symboles. Si Albert Porta est mort pour faire place à Zush, ce dernier s’est éteint en 2001 pour donner vie à Evru, identité sous laquelle l’artiste aborde désormais la création numérique multimédia.

Groupe AES + F
Vivent et travaillent à Moscou.
Formation constituée depuis 1987 de Tatiana Arzamasova, Lev Evzovitch, Evgeny Svyatsky (AES) auquel s’est adjoint depuis 1995 le photographe Vladimir Fridkes (+F)
Dans leur vidéo Last Riots, présentée à la dernière Biennale de Venise, AES+F dénonce la violence symbolique des stéréotypes de la société occidentale au travers de la pureté de l’enfance et de son antagonisme : la gravité de la guerre.

Mark Dion
Né à New Bedford (Etats-Unis) en 1961. Vit et travaille à Beach Lake en Pennsylvanie.
Mark Dion nous plonge entre humour et critique vers les incongruités de notre relation à notre environnement. Au travers de son sujet de prédilection le cabinet de curiosité, il prend fait et cause pour l’idée de nature et de sa représentation scientifique que peut être le musée d’histoire naturelle ou le zoo.

Emre Hüner
Né à Istambul en 1977. Vit et travaille entre Milan et Istambul.
Ce jeune artiste turque, exposé lors de la dernière Biennal d’Istanbul, nous propose une conception post-catastrophiste du monde au travers de ses travaux vidéos et graphiques dans une temporalité paradoxale qui serait un mélange de passé, de présent et de futur.

Siobhàn Hapaska
Née en 1963 à Belfast. Vit et travaille à Londres.
Représentant l’Irlande lors de la 49ème biennale de Venise, l’artiste Siobhàn Hapaska présente Playa de los Intranquilos, installation produite en 2006 et remaniée pour NéoFutur où elle dévoile un monde étrange peuplé d’objets aux formes mutantes réalisées en fibre de verre opalescente. Cette installation nous plonge dans une atmosphère fantasmagorique au ton orange reconstituant une plage avec ses palmiers.

Pavlina Fichta Cierna
Née en Slovaquie en 1967. Vit et travaille à Bratislava.
Pavlina Fichte Cierna est une jeune artiste slovaque dont le travail commence à avoir un retentissement international. La série bird's-eye view créée en 2006 présente une série de portrait de l’artiste lors de ses différents voyages autour du monde.

TODT
Collectif américain. Vivent et trvaillent à New-York.
TODT est un acronyme derrière lequel se cache une fratrie de trois personnes qui tentent de garder l’anonymat et dont la production se veut être une critique de notre société de consommation et de médiatisation à outrance qui tend vers une normalisation du monde. Investissant la grande halle des Abattoirs, ils nous présentent leur installation Exurbia, paysage idyllique peuplé d’animaux mutants aux franges d’un Eden paradisiaque.

Art Orienté objet Groupe
Fondé à Paris en 1991, constitué de Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin. Vivent et travaillent à Montreuil-sous-Bois.
Entre art et science, bioéthique et transgénique, éthologie et ethnopsychiatrie, l’étendue des travaux de A.O.o. ne semble négliger aucune piste dans la quête des sciences du vivant et du comportement en particulier sous les formes variées de l’installation, de la vidéo ou de la photographie.

Basserode
Né en 1958 à Nice. Vit et travaille à Lyon.
L’art de Basserode répond aux profondes mutations technologiques et mentales que nous vivons actuellement. Pour l’artiste, notre perception de l’espace et du temps s’est considérablement étendue et doit être envisagée à l’échelle du cosmos. Ainsi pour NéoFutur, Basserode égraine sa toute nouvelle création Brouillon de l’espace (tirage photographique sur aluminium) ainsi que ses sculptures intitulées Toupies qui nous permettrons d’appréhender les nouvelles frontières de notre monde entre l’infiniment petit et l’infiniment grand.

John Isaacs
Né en 1968 à Lancaster (R-U). Vit et traville entre Londres et berlin.
John Isaacs s’inscrit dans la lignée des artistes de la Young British Artists (YBA) représentée entre autre par Damien Hirst ou les Frères Chapman (Dinos & Jake). Entre fantastique et réalité, Johns Isaacs nous présente une nouvelle œuvre spécialement conçue pour Néo Futur, Du bon usage des morts pour les vivants, sculpture/installation traitant de la condition humaine et de notre faculté à répéter les erreurs du passé.

Nicolas Primat
Né 22 août 1967 à Lyon. Vit et travaille à Toulouse.
L’installation Parabole, produite pour l’exposition NéoFutur flirte entre les limites de l’art et de la science. Le projet de Nicolas Primat s’articule autour d’une installation de sculpture et de vidéo à partir de son film "les petits Hommes vers…". Cette vidéo d’anticipation s’inscrit dans le projet trans-espèce pour lequel l’artiste conduit ces recherches depuis plusieurs années maintenant. Dédiée aux enfants d’ici et d’ailleurs, cette reconstruction des origines du monde a été conçue avec la complicité pour les images des plus grands centres de recherches français, le CNRS de Marseille, l’Institut Pasteur de Cayenne, le CNES et une post-production très intuitive Des Vidéochroniques de Marseille.

Christophe Berdaguer & Marie Péjus
Né en 1968 et 1969. Vivent et travaillent à Marseille.
Le duo constitué par Christophe Berdaguer & Marie Péjus s’est fait connaître par une série de réalisations où l’architecture - leur domaine de prédilection - est vécue et ressentie avant tout comme l’aventure du corps et de l’esprit. Leur travail se définit comme une recherche permanente des multiples rapports que le corps et l’esprit entretiennent avec l’espace de vie : l’architecture, l’urbanisme, le design ou la domotique. Le projet Kilda conçue spécialement pour les Abattoirs dans le cadre de NéoFutur pourrait se définir comme un monument pour les hommes et une architecture pour les oiseaux. Mais c'est avant tout un mirage, une architecture mentale voire ectoplasmiques.