Jacqueline de Jong
Rétrospective
Cette première rétrospective française de l’artiste néerlandaise Jacqueline de Jong (née en 1939) offre un panorama sur sa création depuis ses œuvres historiques des années 1960, son appartenance à l’Internationale Situationniste, son rôle d’éditrice du Situationist Timeset sa participation aux événements de Mai 68, jusqu’à ses plus récents travaux – peintures, livres ou bijoux.
L’exposition présentée aux Abattoirs révèle la richesse des parcours artistique et de vie de Jacqueline de Jong. Née en 1939 dans une famille juive, elle doit fuir son pays face au nazisme. Après des cours d’art dramatique à Londres et Paris, elle rejoint à la fin des années 1950 le Stedelijk Museum d’Amsterdam dirigé par Willem Sandberg. Elle y rencontre les membres de Cobra, dont Asger Jorn, et Guy Debord, le fondateur de l’Internationale Situationniste qui défie alors la "société du spectacle" et vise au "dépassement" des formes traditionnelles de l’art, qu’elle rallie. C’est en 1961, à Paris, après des cours de gravure, que son propre chemin artistique se dessine. Elle fonde en 1962 The Situationist Times, seule revue anglophone du mouvement, et attribue à chaque numéro un motif lié au thème situationniste de la dérive – labyrinthe, nœud, etc. Son art figuratif, expressionniste, se joue d’un bestiaire à la fois monstrueux et naïf, hérité de Cobra (Suicide Paintings, Accidental Paintings, Le Salau et les Salopards). Sa peinture emprunte aussi aux objets courants – paravent, miroir ou valise – en écho aux combine-paintings et au détournement situationniste. En Mai 68, portée par ses idéaux révolutionnaires, elle rejoint la contestation en gravant des affiches, avant son retour à Amsterdam en 1971. Elle partage depuis son temps entre la Hollande et sa maison dans la campagne bourbonnaise, en France.
L’œuvre de Jacqueline de Jong mêle érotisme, violence et humour, confond souvent l’homme et l’animal, et joue avec les limites de l’humanité. Elle peut évoquer la banalité et la brutalité d’une scène de billard, la noirceur de l’histoire, ou la joyeuseté du jardin. Jacqueline de Jong a traversé avec liberté, désobéissance et engagement l'avant-garde des années 1960 comme le retour à la peinture des années 1980. Depuis les années 2000, elle réalise livre et peintures ayant pour motif les pommes de terre, qu’elle transforme aussi en bijoux après les avoir récoltées, desséchées et plongées dans l’or. Son œuvre bénéficie depuis les années 2000 d’un regain d’intérêt : outre l’acquisition de ses archives par l’Université de Yale en 2011, son travail a fait récemment l’objet d’expositions monographiques (Cobra Museum for Contemporary Art, Amstelveen, 2003 ; Moderna Museet, Stockholm, 2012, etc.) et collectives (Musée Tinguely, Bâle, 2007 ; Bibliothèque nationale de France, Paris, 2013 ; Blume and Poe, Los Angeles, 2015 ; Château Shatto, Los Angeles, 2017 ; Mamco, Genève, 2018, etc.), y compris ses bijoux (Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 2016 ; Musée des Arts décoratifs, Paris, 2018).
En 2019, son œuvre fera l’objet d’une exposition monographique au Stedelijk Museum à Amsterdam.
Exposition en partenariat avec Le Printemps de septembre.
Avec le soutien du Mondriaan Fonds.
Retrouvez Jacqueline de Jong à travers notre programmation en ligne "le 26 du mois" qui présente mensuellement un livre d’artiste de la collection des Abattoirs.
Le dernier numéro vous dévoile l’histoire de "The Case of the Ascetic Satyr. Snapshots from Eternity", un dialogue amoureux entre Jacqueline de Jong et Asger Jorn, co-fondateur du groupe d’avant-garde CoBrA en 1948.
https://www.lesabattoirs.org/bibliotheque/videos-livres-dartistes