Céleste Boursier-Mougenot, perturbations

Depuis une vingtaine d’années, Céleste Boursier-Mougenot  travaille ce qu’il nomme lui-même des formes sonores "vivantes", des installations qui déploient dans le temps et l’espace des correspondances, équivalences et aléas entre sculpture et musique.

 

L'exposition "perturbations" de Céleste Boursier-Mougenot est la première exposition monographique de l'artiste dans un musée en Europe. Elle est marquée par la présentation simultanée de cinq œuvres (dont deux projets inédits) dans les espaces monumentaux des Abattoirs.

Errance (off road, 2013) au gré des éléments de trois pianos "préparés", percussions climatiques (averse, 2013) sur une batterie frappée par des rayonnements cosmiques, chants de l'éther captés à l'aide d'un ballon sonde (scanner, 2006) ou distorsions cauchemardesques d'un signal télévisuel (zombiedrone, 2008), les propositions de Céleste Boursier-Mougenot oscillent entre l'écoute du monde, sa transcription instrumentale et sa perturbation. Dans un environnement contemporain définissable par l'immatérialité de ses paysages, ses flots d'informations et de données, le travail de Céleste Boursier-Mougenot tend vers une définition physique, visuelle et sonore du monde. Brouillant les équivalences sonores et visuelles, cette exposition traverse avec ces travaux récents les principaux mouvements d'une œuvre dont les concordances et les occurrences sont rejouées à chaque présentation et à chaque nouveau projet.

À partir du milieu des années 1990, Céleste Boursier-Mougenot, alors musicien pour le théâtre, envisage l'espace de la galerie et du musée comme le lieu singulier de ses compositions. Déplaçant la question de la performance musicale et de l'interprétation par le musicien vers l'instrument lui-même, il développe depuis des travaux sculpturaux et spatiaux dans lesquels les détournements agissent aussi bien sur les techniques employées que sur le traitement des informations. Performance sans performers, les œuvres de l'artiste jouent sur l'illusion du direct. Elles creusent des chausse-trappes sonores et visuelles, à travers filtres et manipulations, dans un monde déjà déréglé.

Si elle s'inscrit dans une histoire expérimentale de la musique et de sa transmission sculpturale et performative qui court de Cage à Fluxus, en passant par La Monte Young, l'œuvre de Céleste Boursier-Mougenot n'en est pas moins contemporaine d'un horizon saturé d'informations, de signaux, de contrôles et de transferts d'information. Fascinante par ses formes et ses passages entre son et espace, simultanément spectaculaire par ses effets et mince et distante dans ses dispositifs, celle-ci dessine et joue simultanément la partition d'un rêve parfois inquiet.

 

Cette exposition bénéficie du soutien

https://www.labex-ocevu.univ-amu.fr