Les Pléiades - 30 ans des Frac
À l’occasion des 30 ans des Fonds régionaux d’art contemporain, en plus des cartes blanches offertes à des créateurs en région, les 23 Frac proposent à partir du 28 septembre prochain une exposition collective, la première depuis la création des Frac.
Répartie sur les 4 niveaux des Abattoirs, l'exposition Les Pléiades réunit les 23 propositions développées depuis le début de cette année 2013 par chacun des Fonds régionaux d'art contemporain sur son territoire. En adoptant le titre de cette manifestation anniversaire, Les Pléiades, l'exposition se situe comme un prolongement et une cristallisation d’une expérience inédite car il s’agit du premier projet en France à associer tous les Frac. Les Pléiades réunissent en effet 23 extraits de collections sous le regard d'autant d'artistes, suite à une étape pendant laquelle chaque Frac a donné une carte blanche à un ou plusieurs créateurs sur sa collection. Toutes ces invitations témoignent de la volonté des Frac de montrer combien l’artiste est au cœur de leurs activités, de la collection à la production d’œuvres, en passant par l’exposition, la médiation et la diffusion.
À la fois exposition d’expositions et de collections, Les Pléiades prennent pour motif fondateur la variation, comme une boucle infinie qui relie collection et exposition pour en exprimer l’interdépendance – tel un ruban de Moebius - dans l’activité quotidienne de ces institutions. Ainsi, le visiteur découvrira que l’exposition présentée par chaque Frac dans sa région devient, à Toulouse, une exposition qui n'est, à chaque fois, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, selon une variation chère à Verlaine. Amplifiée par la subjectivité des créateurs invités, tous réunis en un même lieu, la singularité de chaque institution dessine des voies distinctes dans l'art de ces trente dernières années, autant de parcours ouverts et promus par les politiques d’acquisition et de soutien à la création de chacun.
L’exposition Les Pléiades s’inscrit dans le cadre des Pléiades - 30 ans des Frac, une manifestation nationale organisée par les 23 Frac et Platform.
Parcours de l’exposition
Dès les espaces d'accueil, les interventions d'Otto Berchem (Frac Nord-Pas de Calais), Jean-Michel Alberola (Frac Picardie) et Dora García (Frac Lorraine) placent le visiteur dans un espace intermédiaire entre mémoire et vision, inventaire et espace. Puis, c'est accueilli par les cimaises flottantes de Marc Camille Chaimowicz que le spectateur découvre la collection du Frac des Pays de la Loire, un parcours central qui se conclut, telle une apparition, par le projet que mène Xavier Veilhan pour le Frac Île-de-France. De part et d'autre de ce monde suspendu mais obéissant à la logique d'une découverte linéaire, les salles du rez-de-chaussée sont dédiées aux Frac Franche-Comté, Haute-Normandie, Auvergne, Limousin, Poitou-Charentes, Corse, Alsace. Ces espaces sont autant de "period-rooms" qui capturent non pas l'esprit du temps, mais le regard d'un artiste, sa traversée dans une collection. Si Claire Fontaine (Haute-Normandie) a choisi d'aligner une partie de la collection dans un arbitraire administratif surligné d'une phrase de Robert Musil, Francis Baudevin a pensé l'accrochage de la collection de Franche-Comté comme l'écriture d'une partition. Raphaël Zarka s'est emparé de la collection du Frac Alsace. Heidi Wood, quant à elle, complète sa sélection d'œuvres du Frac Poitou-Charentes par des peintures murales spécifiques, irruption d'un paysage pictural dans l'espace neutre de l'exposition. L'usage de la citation, tout comme de la reprise dans les œuvres sélectionnées par Marc Bauer dans le fonds du Frac Auvergne développe une tonalité mélancolique. C'est dans une temporalité différente, celle du film, qu'Anita Molinero et Paul Bernard déplient la collection du Frac Limousin. Enfin, Hugues Reip a choisi dans les réserves du Frac Corse un néon de Maurizio Nannuci pour y mettre "à l'ombre" une sélection d'œuvres.
Le 1er étage s'ouvre par une production réalisée spécifiquement par Jordi Colomer en regard de l'histoire architecturale de la Basse-Normandie après-guerre. Son installation et son film mêlent des structures des maisons UK-100, habitats d'urgence pérennisés, à des œuvres d'art. C'est également une histoire d'architecture que propose dans l'espace suivant le Frac Centre qui a confié à Bernard Tschumi une scénographie spécifique pour exposer une sélection d’œuvres de son fonds autour de la notion de "chronomanifeste". Wilhiam Zitte pour la Réunion, Alejandro Cesarco pour le Frac Bourgogne concluent ce niveau.
Les étages inférieurs des Abattoirs accueillent, eux, des propositions inédites, parfois à plusieurs voix. C'est en conjuguant leurs projets respectifs avec Dejode & Lacombe, Marcel Dinahet et Eric Hattan que les Frac Languedoc-Roussillon, Bretagne et Provence-Alpes-Côte d’Azur investissent une vaste salle où se croisent avec le concours du critique Jean-Marc Huitorel les problématiques du voyage, de la navigation autour de la figure d'Ulysse, mais également une archéologie secrète des réserves. La proposition est prolongée à l'extérieur par Holey Glory, un bateau pirate signé par Dejode & Lacombe qui voisine avec My Home is a Castle II, véhicule de transit clandestin imaginé par Alain Declercq pour le Frac Nord-Pas de Calais. L’Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes et le Frac Midi-Pyrénées jouent eux aussi une partition commune. Le premier a invité Laurent Montaron pour une exposition prospective à l’issue de laquelle une sélection d’œuvres présentées rejoindra la collection, et dans laquelle figure notamment Guillaume Leblon, artiste invité par les Abattoirs. Il revient à ce dernier de signer à l'étage le raccrochage du fonds Daniel Cordier installé de manière pérenne sur le site. Les graphistes Gavillet & Rust, invités par le Frac Champagne-Ardenne, ont choisi d'exposer sa collection en réalisant un ensemble d'affiches de grand format qui, par un étonnant jeu d'impressions et de superpositions, réunissent de multiples œuvres acquises depuis la création de l'institution. La scénographie circulaire d'Olivier Vadrot qui entoure les œuvres du Frac Aquitaine est en bout de parcours. Labyrinthe, elle se révèle vue d'en haut et du dédale de Marc Camille Chaimowicz comme les cernes du séquoia que touche Madeleine dans Vertigo, une conclusion temporaire donc.